Monday, December 31, 2007

Mère indigne sur la corde raide (une fiction dindo-masochiste)

Mère indigne -- C'est super que tu aies pu te libérer pour venir prendre un café à la maison. Avec les fêtes de famille, et tout...

Copine indigne -- Je me suis dit que, comme t'étais toute seule avec les deux petites...

MI -- M'en parle pas. Je suis au bord du précipice mental. Je reçois la famille avec de la dinde ce soir, et Père indigne a décidé de prendre une petite journée de vacances. "Mais on EST en vacances, chéri", que je lui ai dit.

CI -- Un argument de taille. Mais il est parti quand même?

MI -- Ouais, ben c'est parce que moi, je m'en suis pris deux jours de vacances, depuis le début des vacances.

CI -- T'as brûlé tes cartouches, ma vieille. Moi, je suis plus maligne. Je triche.

MI -- Comment ça?

CI -- Ben, je dis que j'ai des courses urgentes à faire, et ensuite, au lieu de rentrer, je vais prendre un café chez une copine accueillante...

MI -- Wouah! T'es géniale. Je me demande si je pourrais partir comme ça un après-midi et faire un voyage au Mexique en catimini? J'essaie de convaincre Père indigne d'acheter un forfait, mais il tient à ce qu'on attende d'avoir remboursé les dépenses des Fêtes. Dieu sait pourquoi.

CI -- Oui, bon, c'est pas tout ça, le soleil et la plage. J'ai quelque chose d'encore plus intéressant à te montrer.

Copine indigne met sous le nez de Mère indigne un petit sac de plastique.

MI -- Fabricville? Tu t'es mise à la couture?

CI -- Non. Je... Enfin... J'ai acheté de la corde.

MI -- T'es sérieuse? T'en as pas mal? Je suis justement en manque de ficelle pour la dinde de ce soir...

CI -- Non, non. Ce n'est pas pour de l'alimentaire.

MI -- Mon Dieu... Tes enfants sont si insupportables?

CI -- Mais non! Pas pour les enfants, franchement! C'est Copain indigne qui... enfin, il veut expérimenter.

MI -- Expé... Non.

CI -- Voui.

MI -- Attends. Attends. Je suis sous le choc.

CI -- Ben là, tu m'énerves. T'en as pas, toi, des fantasmes?

MI -- Partir au Mexique?

CI -- Je parle de vrais fantasmes. De trucs qui impliqueraient des pompiers et des tuyaux, des dompteurs et des tigresses sauvages, des cowboys et des lassos, Dora et Chippeur, ce genre de truc...

MI -- Ben, une fois, j'ai proposé à Père indigne de jouer à la Belle au Bois Dormant. Moi, j'aurais été la Belle, endormie...

CI -- Et Père indigne aurait été le Prince charmant qui t'aurait éveillé d'un doux baiser sur la--

MI -- Non, non, justement! Père indigne aurait été un malappris qui se serait introduit par effraction dans le château et aurait profité, tsé veut dire genre, de la Belle, sans que jamais elle ne se réveille!

CI -- ...

MI -- Tu comprends? Elle ne se réveille pas, parce que c'est pas le vrai Prince!

CI -- ...

MI -- J'étais crevée ce soir là.

CI -- Bon. En tout cas. T'essaieras d'aller acheter pour 90 pieds de corde--

MI -- Quatre-vingt-dix pieds??

CI -- C'est beaucoup, mais on sait jamais... En tout cas, quand la vendeuse m'a demandé si elle pouvait me conseiller, j'ai complètement figé.

MI -- T'aurais dû lui dire que c'était pour ficeler une belle grosse dindonne...

CI -- Ah, ah, ah. J'ai dit que c'était pour ma fille, pour un jeu de cour de récré...

MI -- La tag-bisou, sauf qu'on ne peut pas courir, on sautille?

CI -- T'es conne. En tout cas, je lui ai dit que j'en prenais beaucoup parce que comme ça, Fifille en aurait pour plus longtemps et je ne devrais pas revenir à tout bout de champ. Elle m'a dit que c'était dommage, que si je prenais une carte Élite Cliente Fidèle, j'aurais déjà un rabais de 20% sur mon achat.

MI -- Laisse-moi deviner.

CI -- Ben oui, j'ai pris la carte.

MI -- 20% sur 90 pieds, ça a dû valoir la peine.

CI -- Surtout qu'en fait, la vendeuse m'a conseillé d'en prendre plus, de plusieurs couleurs. Paraît que les jeunes aiment ça, les couleurs. Alors j'ai pris 30 pieds de plus, en vert.

MI -- Oh, boy. Ça va être joli, ce soir. T'as aussi pensé à utiliser les lumières du sapin?

CI -- Ça va, hein, la Belle au Bois Dormant. Au lieu de te moquer, tu devrais en prendre de la graine...

MI -- Oui, mais ça ne te fais pas un peu peur, quand même? De la corde? Verte?

CI -- Copain indigne m'a dit--

MI -- Je sais! Il t'a dit: "T'inquiète pas chérie, c'est nouveau alors ça va juste durer cinq minutes"?

CI -- Pfff. Non, il a dit: "Sois courageuse. Tu n'auras qu'à fermer les yeux, ça ne fera pas mal, je te le promets."

MI -- Je suis rassurée...

CI et MI sirotent leur café, pensives. Puis:

MI -- Sérieusement, 120 pieds de cordes... Je peux te demander un service...?

*** PLUSIEURS HEURES PLUS TARD. LES INVITÉS SONT VENUS, PUIS REPARTIS. MÈRE INDIGNE ET PÈRE INDIGNE SE METTENT AU LIT... ***

Père indigne -- En tout cas, la dinde, bravo.

Mère indigne -- Tu as aimé? Vraiment?

Père indigne -- Qu'est-ce qu'on pouvait ne pas aimer? La corde en nylon vert, les noeuds coulants autour des pattes, la poitrine et les cuisses expertement ficelés...

Mère indigne -- C'était joli, hein? J'ai potassé mes noeuds sur Internet, et j'ai pratiqué tout l'après-midi.

Père indigne -- Dommage que ça ait déteint.

Mère indigne -- C'est pour ça que je l'ai servie un peu sous la salade. Pour camoufler.

Père indigne -- Hum.

Mère indigne -- Écoute, je suis contente que tu aies aimé la corde verte. Regarde... Il en reste...

Père indigne -- Mon Dieu... Les filles ne sont pourtant pas si insupportables...

Mère indigne -- Pas pour les filles, franchement. Pour nous. Pour expérimenter.

Père indigne -- Expé... Non.

Mère indigne -- Voui. Allez, laisse-toi faire, mon amour. Et hop! Un petit noeud par ci, un autre par là... Ne t'inquiète pas, je ne vais pas m'endormir en te laissant comme ça...

Père indigne, dûment immobilisé -- Et maintenant, quoi?

Mère indigne -- Maintenant, je sors mon ordinateur... Je fais une recherche avec "vacances destination soleil Mexique"... Ahahahaha! Je vais nous réserver un forfait, et tu ne peux rien faire pour m'en empêcher!

Père indigne -- NON!

Mère indigne -- Allez chéri, sois courageux. Tu n'as qu'à fermer les yeux, ça ne fera pas mal, je te le promets...

Tuesday, December 18, 2007

Appétit de destruction (une fiction cathartique)

(Un billet bête et méchant -- pour Noël, vous n'en méritiez pas moins!)

***

Mère indigne -- Tu sais, d'habitude, je suis une assez bonne mère.

Maman copine -- Hum...

Mère indigne -- Non, mais, sérieusement, en général, je suis assez, disons, émerveillée par mes rejetons et encline à faire naître la joie dans leur coeur. Genre.

Maman copine -- Mais...?

Mère indigne -- Mais... des fois, j'ai comme des mauvaises impulsions.

Maman copine -- Pire que d'habitude? Tu me fais peur.

Mère indigne -- Je te donne un exemple. Bébé. Elle a été à l'hôpital l'autre jour, et depuis ce temps-là, à chaque fois que je dis le mot "docteur", c'est la crise.

Maman copine -- Oui, mais c'est pas comme si tu faisais exprès pour le dire.

Mère indigne -- C'est que...

Maman copine -- Tu fais pas exprès, quand même?

Mère indigne -- Ben... C'est comme une expérience, tu vois? Je... j'ai comme envie de tester. Pour voir si ça marche vraiment à tout coup. Ou si elle se désensibilise, genre. Alors quand elle me dit "Faut pas toooomber, faut pas tooomber", je réponds "Non, hein, faut pas se faire des gros bobos sinon on va être obligés aller voir le DOCTEUR". Et pis là, ça y est. Elle pleure.

Maman copine -- Pas encore désensibilisée.

Mère indigne -- Non.

Maman copine -- (Soupir.) Tu fais dur.

Mère indigne -- Non mais, ça ne t'arrive jamais, à toi, de vouloir être méchante? D'avoir le goût de faire une télé-réalité pour les 3-4 ans avec le Père Noël qui enlève sa barbe? D'avoir l'impulsion de dire à ta fille qu'il reste plus de bonbons d'Halloween, pas parce qu'elle les a déjà tous mangés, non, mais parce que tu as jeté son sac encore plein aux poubelles?

Maman copine -- ...

Mère indigne, s'enflammant -- Tu n'as jamais eu le goût de... de détruire le bonheur?

Maman copine -- Je m'excuse, mais non.

Mère indigne -- Bizarre.

Fille Aînée s'approche sur ces entrefaites.

Fille Aînée -- Maman, est-ce que je peux prendre une figurine de Père Noël en chocolat pour dessert?

Mère indigne -- Oui, à condition que tu en donnes un petit bout à ta soeur.

Fille Aînée, regardant quel serait le plus petit bout possible à partager -- Son chapeau, par exemple?

Mère indigne -- Tu fais comme tu veux, mais tu partages.

Et Fille Aînée de commencer à essayer de détacher le plus délicatement possible le chapeau du Père Noël, question d'abîmer le moins possible la belle figure du gros bonhomme qui n'existe même pas dans la vraie vie.

Mère indigne, en apparté à Maman copine -- Tu vois, ÇA, ça... ça m'ÉNERVE. La voir en train de gosser sur son Père Noël pour ne pas le briser, alors qu'elle va finir par le manger de toute façon dans les dix prochaines minutes... Moi, là, MOI, je lui foutrais mon poing sur la GUEULE, au Père Noël. KAPLANG! Plein de morceaux partout. Après, on le partage avec tout le monde pis on n'en parle plus, cibole!

Maman copine -- Tu t'énerves pour rien. Je suis sûre que tu faisais la même chose avec tes figurines en chocolat quand tu étais petite.

Mère indigne -- Ben oui, je faisais la même chose. J'étais STUPIDE.

Maman copine -- Cal-me-toi. Tout-va-bien. Ta fille va se débrouiller et tu n'en entendras même plus parl--

Fille Aînée -- Maman, maman, j'arrive pas à séparer le chapeau du reste du Père Noël. Veux-tu m'aider?

Mère indigne, suave -- Mais ouiii. Bien sûûûr, ma chériiie. Allez, donne-moi cette figurine.

KAPLANG!

Fille Aînée et Copine maman -- Nooon!

Mère indigne, un large sourire aux lèvres -- Voilà! On va pouvoir partager le chocolat avec tout le monde et on n'en parle plus!

Fille Aînée ramasse les morceaux de chocolat en tremblotant pendant que Bébé, flairant l'aubaine, s'approche discrètement de la table.

Maman copine -- Franchement! C'est nul, ce que tu viens de faire. Faut vraiment être malade.

Mère indigne -- Malade? Alors d'après toi, il faudrait que j'aille voir le DOCTEUR?

Bébé -- OUIIIIIIIIIIIN!!!

Mère indigne, d'excellente humeur -- Bon, Fille Aînée, amène un autre Père Noël à Maman. Tout le monde ensemble, là, on va faire une belle thérapie.

Sunday, December 16, 2007

On n'apprend pas à une maman singe...

Je sais, je sais.

Cinq longs mois que je vous néglige, et tout à coup, BANG! Un billet. Ne pensez pas que je ne suis pas un peu étourdie moi aussi.

Et un billet... Mon dieu, comment dire? Un billet choquant.

Bon, c'est vrai. Nous sommes sur le Off Indigne, après tout. Il faut s'attendre à être bousculés, ici. Faut aimer l'électrochoc de la maternité gone mad.

Et puis aussi, je vous connais, bande de coquines. On vaque à ses occupations de mère au foyer, on a l'air de ne penser qu'aux purées bio et aux couches à changer, mais dans le fond du soutien-gorge d'allaitement, on ne rêve que d'une chose: parler de sexe! (Attention hein. J'ai bien dit "parler". Parce que "faire", non. Jamais. Hum.)

Alors comme c'est bientôt Noël, je me suis dit, pourquoi ne pas aller leur titiller un peu la glande du Jean-Louis? Mais sans vous parler de Jean-Louis, hein. Oh, que non.

Ne vous inquiétez pas pour Jean-Louis, mesdames. Il va bien. Très bien. Mais entre nous deux, c'est fini. Je n'ai pas eu le choix de rompre: il a offert un slip transparent à Père indigne pour ses 40 ans. Et plus tard, dans l'intimité, Père indigne, au lieu de le brûler (le slip, pas Jean-Louis) sur l'autel de l'hétérosexualité aveugle, a eu l'audace de l'enfiler (le slip, hein, pas...). Le pire fou rire que j'ai eu de ma vie pendant les préliminaires. Ça a failli faire tout rater. Alors voilà. Exit Jean-Louis.

Mais ne dit-on pas "Le roi est mort, vive le roi?" Parce que, Mesdames, il faut que je vous présente Jean-Jules.

Jean-Jules, c'est un vieil ami. Le genre d'ami qui, au lieu de se mettre tranquillement en ménage et de faire des gentils enfants comme le font les gens les plus intelligents de la planète (nous, par exemple), continue à vivre une vie de dégénéré dans un célibat éclaté et jouissif. Euh, je veux dire, un célibat morne et triste, hein. Comme le sont tous les célibats, n'est-ce pas? Ouais, enfin bref. Jean-Jules.

Il se croit très fort, le Jean-Jules, avec ses trente-huit maîtresses dans chaque ville du monde et ses occasionnelles escapades dans des endroits sombres où on peut se faire faire des guilis-guilis par plus de dix doigts à la fois (pour moi qui suis horriblement chatouilleuse, un véritable cauchemar).

Il se croit fort, mais il y en a des bien plus fortes que lui. J'ai nommé: les mères de famille. À preuve, cette conversation que nous avons eue la semaine dernière, chez lui, lors de la pause-lunch d'une réunion de travail. Si si, de travail.

JEAN-JULES, entre deux bouchées de patates pilées -- Tu sais pas quoi, l'autre jour, j'ai parlé à une nana dans un bar. Une habituée des clubs échangistes. Et là...

MÈRE INDIGNE -- Mon dieu! Tu me fais penser. Faut absolument faire la pige pour les échanges de cadeaux de Noël. Ça s'en vient tellement vite. Bordel.

JEAN-JULES -- Allô? Tu m'écoutes? Clubs échangistes?

MÈRE INDIGNE -- Euh... Oui, oui, je... c'est justement ça que je voulais dire par "bordel".

JEAN-JULES -- Ouain. Bon, bref, j'ai parlé avec une nana dont le rêve était de se faire prendre par deux gars en même temps, au même endroit!

MÈRE INDIGNE -- Dans le club échangiste?

JEAN-JULES -- Hein?

MÈRE INDIGNE -- Quand tu dis "au même endroit", tu veux dire, dans le club échangiste?

JEAN-JULES -- (Soupir.) Oui, dans le club échangiste, mais aussi AU MÊME ENDROIT. Même. Endroit.

MÈRE INDIGNE -- Même endroit, même endroit. La zézette, genre?

JEAN-JULES -- La quoi?

MÈRE INDIGNE -- La zézette. C'est le petit mot gentil qu'on a trouvé avec les filles pour dire vag--

JEAN-JULES -- OUI! C'est ÇA. Bravo.

MÈRE INDIGNE -- C'est gagné! We did it! Hourra!

JEAN-JULES -- Euh... oui, c'est ça. You did it. Deux dans un. Peux-tu croire ça?

MÈRE INDIGNE, se resservant de la salade -- Ouais.

JEAN-JULES -- T'as pas l'air impressionnée.

MÈRE INDIGNE -- Ben non. Pourquoi?

JEAN-JULES -- La Terre appelle la Lune? Deux dans un? Même dans les films pornos, j'ai rarement vu ça.

MÈRE INDIGNE, déposant délicatement son couteau au bord de l'assiette -- Écoute, mon petit poussin. Moi, j'ai des BÉBÉS qui sont passés par là. Deux. La madame, elle sait ce que c'est, avoir du gros trafic sur l'autoroute. C'est pas deux baguettes, aussi magiques soient-elles, qui vont épater une parturiente expérimentée.

JEAN-JULES, un peu mélangé entre les métaphores de circulation et de sorcellerie -- Ouais, ouais, bon. Quoi qu'il en soit, cette femme-là, elle m'a aussi dit qu'elle était super soumise.

MÈRE INDIGNE -- Oh. Une soumise de nuit.

JEAN-JULES -- ???

MÈRE INDIGNE -- Soumise de nuit, chemise de nuit... Prrfff... Non? C'est pas drôle? Je suis sûre que Père indigne l'aimerait, pourtant...

JEAN-JULES, les yeux levés vers le ciel -- Si tu pouvais arrêter de niaiser, je pourrais te dire que ce qui la branchait vraiment, mais alors là incroyablement, c'était de se faire mettre la tête dans...

MÈRE INDIGNE, véritablement inquiète -- Pas dans le bol de toilettes?

JEAN-JULES, lâchant sa fourchette -- Dans le...? Ben là, franchement! J'essaie de créer du suspense, moi, et toi tu me parles de bol de toilettes! Comment veux-tu que je dépasse ça? T'es pas très cool.

MÈRE INDIGNE, d'un air désolé -- C'est parce que Bébé a jeté sa poupée dans les toilettes l'autre jour pour lui montrer qui était le vrai patron, et heureusement elle n'a pas tiré la chasse, mais là, la tête de la poupée a rétréci dans la sécheuse et... en tout cas. Ton histoire, ça m'a fait penser à ça.

JEAN-JULES -- ...

MÈRE INDIGNE -- Encore un peu de poulet? Patates pilées?

JEAN-JULES -- Oui. Oui. Merci. (Soupir.) C'était dans un oreiller. Qu'elle voulait mettre sa tête. La fille au bar.

MÈRE INDIGNE -- Ah, bon. C'est vrai que pour le punch, c'est un peu raté. Désolée.

Un silence. Puis:

JEAN-JULES, regardant Mère indigne d'un air sournois -- Tu sais, j'ai toujours pensé que tu ferais une superbe soumise.

Mère indigne avale la dernière bouchée de sa salade. Va mettre sous clé tout objet dont elle pourrait faire un usage abusif dans les prochaines minutes pour le regretter par la suite (couteau, fourchette, talons aiguilles, scie ronde). Puis:

MÈRE INDIGNE -- Jean-Jules, la soumise, elle a deux enfants, tu te souviens?

JEAN-JULES, l'air inquiet -- Voui.

MÈRE INDIGNE -- Alors tu sais ce qu'elle te dit, la soumise? Elle te dit de terminer ta viande et tes patates pilées. TU ME NETTOIES CETTE ASSIETTE. IMMÉDIATEMENT. Ensuite, tu me débarrasses la table. Et finalement, tu vas réfléchir dans ta chambre. Pendant une demi-heure, le temps de te calmer. Après ça seulement, tu auras la permission de revenir ici. Tu devras alors m'expliquer EN DÉTAILS pourquoi tu as été puni et quelles leçons tu en as tiré. Compris?

JEAN-JULES, fixant le sol -- Voui.

MÈRE INDIGNE -- Voui QUI?

JEAN-JULES -- Voui... madame?

MÈRE INDIGNE -- Voilà. Bien. Très bien. Et ensuite, tu me raccompagnes à la maison. Il y a du ménage à faire.