Monday, July 28, 2008

En-cas d'urgence

Mère indigne reçoit la visite d'Amie-célibataire-indigne- femme-fatale-sulfureuse-et-dégénérée (pour faire court, nous l’appellerons Emmanuelle-l'Anti-Vierge. Bon, peut-être juste Emmanuelle, finalement, mais vraiment par souci d'espace). Toutes deux tentent d’avoir une conversation de filles autour d’un café.

Mère indigne – Attends, là, je comprends mal. Ton mec, il t’a dit qu’il avait une pépine? Je croyais qu’il était médecin.

Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!

Emmanuelle – Non, pas une pépine. Il s’est dégoté une [AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]ine.

Mère indigne – Il s’est fait tatouer quelque chose sur la p[AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]???

Emmanuelle – (Soupir.) Tu comprends ri[OUAIIIIIIIIINNNNNNNNN].

Mère indigne – Merde. Attends deux secondes. (Puis, se tournant vers Bébé :) Mais qu’est-ce qui se passe, chérie?

(Note aux futurs parents : la crise qui suit est authentique. Comprendrez que vous auriez dû vous retenir. Je sais. Dommage. Trop tard.)

Bébé, se jetant par terre avec grand fracas – WAAAAAAAAAAA! Moi l’a tombééééééééaaaaaHHAAAA!

Mère indigne – Mais non, tu n’es pas tombée. Tu t’es jetée par terre.

Bébé – NonmoilaPAjetéparterre!! MOILATOMBÉ! BON! WIIIIIIAAAAAAAAAAHHH!

Mère indigne – Bon, d’accor-

Bébé – NANPADACCORAAAAAAAAA!!!

Mère indigne – Viens me voir, ma chouette, on va trouver une solution.

Bébé – NooooOOOOOooooon! On trouvera PAS de solution!!! On va trouver du CACA!!!

Mère indigne -- ...

Bébé – On va trouver de la CROTTE!!!

Mère indigne -- ...

Bébé, de plus en plus féroce – ON VA TROUVER DU CACA-CROTTE!!!

Mère indigne – Oké. J’ai compris. Tiens.

Bébé – NANMOIVEUXPAAAAAAaa. Marsi.

Suit un silence inespéré et quasi insoutenable.

Emmanuelle – C’est quoi? C'est... c’est des bonbons?

Mère indigne – Oui. D'habitude, ça fonctionne avec un ou deux, mais étant donné l’ampleur de la crise, j’ai pensé que ça valait la peine de lui filer le sac.

Emmanuelle – Attends, là, je rêve. Tu es en train d’apprendre à ta fille à manger ses émotions?

Mère indigne – Si je peux au moins lui apprendre une chose utile dans la vie, que ce soit celle-là.

Emmanuelle – Ben voyons! Ça n’a aucun sens! Il faut lui apprendre à gérer ses colères, à renforcer son estime de soi, à canaliser ses sentiments négatifs dans quelque chose de productif...

Mère indigne – Dans quelque chose de prod— non. J’ai assez de bricolages qui traînent partout, s’il faut que j’en ajoute un à chaque crise...

Emmanuelle – Tu pourrais au moins essayer de la raisonner, je sais pas, moi...

Mère indigne – Ben voilà. Justement. Tu ne sais pas.

Emmanuelle, levant les yeux au ciel – Classique. Je n’ai pas d’enfants, je ne peux rien dire.

Mère indigne, doctement – C’est pas une question d’enfants, c’est une question de savoir-vivre. Je dirais même plus, c’est une question de sauce-yolodgie. Tout le fonctionnement de la société est élaboré autour de la dégustation des émotions. Et d'ailleurs, j’irais même encore plus loin et je dirais que celui qui ne mange pas ses émotions ne mérite pas d’en avoir.

Emmanuelle – Bon, v’là autre chose.

Mère indigne – Pourquoi on va au restaurant, hein? Hein? Pour fêter des trucs! Pour célébrer! D’ailleurs, dans les magazines de bouffe, c’est toujours ça : préparer des banquets, des soupers entre amoureux... T’es heureux? Tu manges. Et les chips, mon Dieu. Les chips. C’est conçu pour la célébration, les chips. Surtout les Pringles, t’a vu la forme de la boîte...

Emmanuelle – Mais là, c’est la crise de nerfs de ta fille que tu célèbres en lui donnant des bonbons.

Mère indigne – Bon, bon, t’as raison, je vais faire un peu de renforcement positif. Bébé, ça va, t’es contente maintenant?

Bébé, la bouche pleine d’une masse collante – Mvfoui.

Mère indigne – Excellent. Tiens, fête ça avec une couple d’autres framboises en gelée.

Bébé – Mfwarsi.

Mère indigne – Elle est tellement polie. Je devrais la récompenser.

Emmanuelle – Ah, mon dieu! Arrête! C’est super choquant.

Mère indigne – Peut-être, mais en attendant, je vais pouvoir comprendre ce que tu essayais de me dire depuis tout à l’heure.

Emmanuelle – Ah. Oui. Écoute. C’est encore plus choquant.

Mère indigne – Quoi? Tu t’es mise au scrapbooking?

Emmanuelle – Es-tu folle, jamais. Non. Figure-toi que mon amant s’est fait une copine.

Mère indigne – « Ton » amant? Excuse-moi, je croyais que t’en avais dix-huit.

Emmanuelle – Quatre. Cinq. En tout cas, depuis trois jours, j’en ai juste quatre, ça a l’air.

Mère indigne – Tu es phobique de l’engagement, tu m’as déjà dit que la tendresse, c’était « gluant », ça devrait te faire plaisir de voir que ton attitude n’est pas contagieuse. Et aussi de voir que le gars continue d’être attiré par des filles, même après son expérience avec toi.

Emmanuelle – Tu peux rigoler, mais ça m’affecte vraiment profondément. Le truc, c’est que j’aime que ma vie soit régie par des règles, comment dire, cosmiques. Genre, je suis le Soleil, pis là y’a plein de petites planètes qui gravitent autour de moi. Et dans un système solaire, y’a combien de soleils?

Mère indigne – Euh, attends...

Emmanuelle – Juste un. Y’en a juste un. Là, un amant qui se fait une blonde, c’est comme deux soleils dans un même système solaire. Ça perturbe le cours normal des lois de la nature.

Mère indigne – T'as quand même pas le don d'ucubit- pardon, d'ubiquité. C’est pas fatiguant d’être le seul soleil?

Emmanuelle, le regard rêveur – C’est une bonne fatigue.

Mère indigne – J’ai une idée : tu rebaptises ton amant « Pluton » et pouf!, c’est même plus une planète.

Emmanuelle – C’est pas si simple. Enfin bref, ça m’a mise toute à l’envers, ça fait trois jours que je mange à peine.

Mère indigne – Hé ben voiiiilà! La candidate parfaite pour une rééducation! Ma chère, aujourd’hui, tu vas manger tes émotions. Que dis-je, tu vas les dévorer. Et je vais t’accompagner dans ta démarche.

Emmanuelle – J’aime pas les bonbons.

Mère indigne – Minute, minute. Les bonbons, c’est le stade 1, pour les enfants, puisque leur goût n’est pas encore de toute première qualité. Pour nous, j’ai ÇA.

Mère indigne ouvre le frigo et dépose sur la table un pot de foie gras tout neuf et une bouteille de Barsac. Toute neuve aussi. Mais rassurez-vous, pas pour longtemps.

Mère indigne – Le stade 2. C’était pour Père indigne et moi, mais il va comprendre ta détresse. Enfin, je crois...

Une heure plus tard...

Mère indigne – Pis? (hic!) Pluton?

Emmanuelle – Il en reste un petit peu au fond...

Mère indigne, déçue – Oh. J’aurais vraiment cru que ça t’aurait totalement guérie.

Emmanuelle – Non, je veux dire, il reste un petit fond de foie gras. Quoique (hic!) pour Pluton, je vais quand même m’ennuyer de ses cu[WAAAAAAAAAAAAAA]us.

Mère indigne, jetant un bonbon à Bébé – De ses quoi??

Emmanuelle – Nevermind. Donne-moi le fond de Barsac, ça va finir de guérir le bobo.

Mère indigne – J’aime ça quand l’élève dépasse le maître.

Plus tard, Bébé est au lit, Emmanuelle est partie, et Père indigne questionne.

Père indigne – Puis? De quoi vous avez parlé avec Emmanuelle?

Mère indigne – D’astronomie, figure-toi. De systèmes solaires, de planètes, d’harmonie dans l’univers...

Père indigne – Des cerveaux comme vous deux, vous devez avoir réglé la question de savoir si l’univers se rétracte ou s’il est en expansion?

Mère indigne – Ben, le sien s’est rétracté, je pense. Elle a aussi vaguement fait allusion à des cumul0-nimbus... Enfin, je crois, je ne suis pas certaine, y’a Bébé qui faisait une crise.

Père indigne – C’est Bébé qui a bouffé le foie gras?

Mère indigne – Non, c’est, euh, c’est nous... Avec Emmanuelle en pleine crise galactique...

Père indigne – Notre foie gras. De couple. Ça me fait mal.

Mère indigne – T’es triste? Tu devrais manger au lieu de te plaindre. Tu sais, sociologiquement, c’est plus civilisé.

Père indigne – ...

Mère indigne – Tu veux un bonbon?

Père indigne – J’aime pas les bonbons.

Mère indigne – Je parle de « bonbons ». Stade 3. On les trouve en général dans la chambre, sous les couvertures.

Père indigne – Oh. Je vois... Tiens, c’est drôle, je sens que mon univers est en expansion.

Mère indigne – Tu vas voir, je suis une thérapeute super professionnelle. Et pour mon salaire, je prends les chèques personnels.

Père indigne -- Bien essayé, Docteur Maman, mais cette fois-ci, je vais mettre ça sur ma carte soleil.

Saturday, July 26, 2008

Photoshoppons du bois, pour la mère, pour la mère

Z'avez remarqué? Je fais des tests de design de blogue. (Bon, d'accord, "design", c'est un peu fort... À vrai dire, je niaise avec Photoshop.)

Quoi qu'il en soit, ça pourra changer un peu dans les prochaines semaines. Surtout, ne le prenez pas personnel! ;)

Thursday, July 17, 2008

Mère indigne exagère, mais il faut bien gagner sa vie

Mère indigne – L’autre jour, j’ai voulu faire un test dans Facebook, mais je n’ai pas osé me rendre jusqu’au bout.

Père indigne – Pas «quel personnage de Passe-Partout êtes-vous?», j’espère? Je ne pourrais pas supporter d’avoir la confirmation officielle que j’ai épousé Alakazou.

Mère indigne – Non, non. J’ai commencé le test «Quel genre de criminel êtes-vous?». Fiou.

Père indigne – Fiou quoi?

Mère indigne – Ben, il fallait classer des crimes dans l’ordre, en commençant par celui qu’on était le plus susceptible de commettre jusqu’à celui qu’on ne commettrait jamais.

Père indigne – Tu as mis «souper avec un ex» en premier, j’imagine?

Mère indigne – Ce n’était pas sur la liste. Par contre, je me suis rendue compte que je classais «se faire payer en échange de faveurs sexuelles» en deuxième place! Tu te rends compte? J’ai réalisé que je n’aurais vraiment presque pas de problème avec le concept.

Père indigne – Hm.

Mère indigne – Euh, je veux dire, je n’aurais pas eu de problème avec ça avant de te rencontrer, évidemment.

Père indigne – Évidemment.

Mère indigne – Non, mais c’est vrai, je n’avais jamais vraiment réfléchi à la question, mais tant qu’à avoir un one night stand poche, aussi bien s’arranger pour pouvoir s’acheter une nouvelle paire de chaussures le lendemain, non? Si on est bien prudent, au lieu de ramener une MTS à la maison, on ramène une paire de Manolo Blahnik.

Père indigne – Est-ce que tu as vraiment suivi des cours d’éthique à l’Université?

Mère indigne – Tu me prends pour qui? Je n’achèterais pas de souliers en peau de serpent ou quoi que ce soit du genre.

Père indigne, une drôle de lueur dans le regard – Écoute, je ne suis pas certain que ton attitude soit tout à fait normale, mais juste comme ça, par curiosité... Combien tu aurais chargé?

Mère indigne, super capitaliste, super vite – Pour la soirée? Service complet? Genre, cinq cents piastres. (Et, regardant Père indigne par dessous d’un air éminemment sexy, enfin, elle essaie:) Mais pour certaines personnes très, très spéciales, j’aurais fait un prix d’ami. Cent cinquante. Taxes et tendresse post-coïtale incluses.

Père indigne – Écoute, je comprends que cette histoire de te faire payer pour des services sexuels est en quelque sorte un fantasme inassouvi chez toi. Si tu veux, et en tout respect pour ta valeur intrinsèque en tant qu’être humain, je serais prêt à...

Mère indigne – OUIIIIIII!

Père indigne sort un chèque et le remplit en ne se trompant même pas une seule fois, ce qui, pour lui, relève presque du miracle. Puis il le dépose triomphalement sur la table, devant Mère indigne qui s’en saisit d’une main, alors que de l’autre, elle clavarde déjà avec les copines pour discuter des meilleures marques de chaussures de luxe.

Mère indigne, examinant le chèque – Tu es certain que tu veux me payer tout de suite? On ne sait jamais, tu pourrais peut-être ne pas être satisfait...

Père indigne – J’ai toute confiance en ton professionnalisme.

Plus tard, dans la chambre à coucher...

Père indigne – Ooooh. Il fait noir ici. Ça augure bien.

Mère indigne, de sous les couvertures – Grufahdkjgaomf.

Père indigne – Et ces grognements... Des cris d’amour?

Mère indigne – Mal à la tête.

Père indigne – Mal à... Excuse-moi, mais les vrais professionnels ne demandent pas de congé de maladie quand ils sont sur un gros contrat.

Mère indigne – Écoute, entre le moment où tu m’as donné le chèque et maintenant, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’amour.

Père indigne – Mais... ça fait à peine une heure!

Mère indigne – Ouais, ben en une heure, je me suis tapée la méga-crise de Bébé qui ne voulait pas prendre son bain, pas brosser ses dents, pas se coucher, bref, pas collaborer. Bruyamment.

Père indigne – D’où le mal de tête?

Mère indigne – Non, ça je pense que c’est quand Fille Aînée m’a demandé de lui trouver des extraits sonores de la maturité sexuelle des orangs-outangs.

Père indigne – Bon, d’accord, ça va. Je suis un client compréhensif. Redonne-moi mon chèque et on n’en parle plus.

Mère indigne – Je... Écoute, mon mal de tête est terrible, je ne sais plus où je l’ai cach—où je l’ai rangé...

Père indigne -- Tu ne sais...?

Mère indigne – Je l’ai peut-être même perdu... Va falloir que tu m’en fasses un autre.

Père indigne – Dis donc, juste comme ça, dans ton test Facebook, c’était quoi le premier crime que tu étais susceptible de commettre?

Mère indigne – Fraude.

Père indigne – Merde.

Mère indigne, après un bref silence – Quand je pense que tu as osé dire que je ne suis pas professionnelle.

Friday, July 11, 2008

Comme dirait Adamo, c'est ma vie

Mère indigne -- Bébé, veux-tu aller faire pipi aux toilettes?

Bébé -- On dit "SITEPLÈ", Maman. Y faut dire "SITEPLÈ".

Mère indigne -- S'il-te-plaît, Bébé, veux-tu aller faire pipi aux toilettes?

Bébé -- Non.

Mère indigne -- ...

Bébé -- Pis là, faut dire "MARSI", Maman. "MARSIII!!!"

Friday, July 04, 2008

L'avis des bêtes

Ah, là, là, les filles. Faut que je vous raconte.

J’ai été au restaurant avec un homme hier soir. Pas avec Père indigne, non. Avec une de ces créatures étranges et fascinantes qui forment la race des «ex». (D’ailleurs, puisque Jean-Louis est déjà pris et que Jean-Jules menace de revenir dans le décor incessamment, j’ai décidé que nous appellerions cet ex «Jean-Ex».)

En femmes accomplies et expérimentées que vous êtes, les poulettes, vous savez que ce genre de relation est parfois un peu difficile à gérer. Surtout quand, vous rappelez-vous vaguement, vous avez peut-être certains torts assez gratinés à vous reprocher. Personnellement, j’ai trouvé une recette infaillible pour entretenir des relations harmonieuses avec mes ex, en tout cas avec Jean-Ex : couper complètement les ponts pendant 12 ans. Ensuite, quand on recommence à se parler, non seulement on ne se souvient plus exactement de qui a fait quoi de mal, mais on s’en fiche complètement.

Et après douze ans, ce qui est chouette, c’est que quand on ne veut pas parler des Méchants Fantômes du Passé, on parle des enfants qu'on a faits entre-temps.

Mère indigne – L’autre jour, je pense que j’ai été un peu bête avec Fille Aînée.

Jean-Ex – Toi, bête? Voyons, c’est impossible! (N.D.M.I. Voyez ce que ça fait, 12 ans de silence? L’harmonie. Génial.)

Mère indigne – Non, je te jure. Même Père indigne était un peu furieux. Fille Aînée est venue me voir pour m’annoncer en grandes pompes qu’elle avait réussi à faire fonctionner le DVD. J’ai dit «Bravo, chérie, c’est très bien»...

Jean-Ex – Et...?

Mère indigne – Figure-toi qu’elle m’a regardé d’un air un peu méprisant et qu’elle m’a dit : «Ben là. J’aurais cru que tu aurais été un peu plus... enthousiaste.» Heille, moi, ça me fatigue. Les enfants, aujourd’hui, on s’extasie au moindre truc, et ensuite, ils en veulent toujours plus. «Maman, Maman, j’ai pensé à fermer la lumière de ma chambre!» «Oh, mais c’est super, chérie, on va organiser une belle fête en ton honneur! » Pu capable. Alors j’ai répondu à Fille Aînée, un peu sèchement, «Quoi? Est-ce qu’il faudrait que je me roule par terre en plus? Que je te fasse un gâteau?» Père indigne a trouvé ça bête.

Jean-Ex – Enfin, personnellement, je la trouve quand même bonne d’avoir réussi à faire fonctionner un DVD. L’autre jour, au chalet, je n’y suis jamais arrivé. Trop de fils derrière la télé, trop de boutons sur la télécommande...

Mère indigne – T'as raison! C'est comme à la maison! Comment ça se fait qu’en 2008, il ne faut pas simplement brancher un fil dans un trou pour faire marcher un DVD? Ça me rend folle à chaque fois. Pour faire fonctionner le DVD chez nous, il faut commencer par allumer le lecteur de cassettes, mais pas juste l’allumer. Il faut mettre une cassette dedans, appuyer sur Play et ensuite sur Stop, sinon le son du DVD ne marche pas. C’est juste s’il faut pas dire abracadabra. C’est hyper-complexe, je n’y arrive pas la moitié du temps.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – (Cligne, cligne.) Merde. Fille Aînée. J’aurais peut-être bien dû faire preuve de plus d’enthousiasme...

Jean-Ex – Hm.

Mère indigne – ... Mais elle va s’en remettre.

Jean-Ex – Hm.

Mère indigne – En fait, elle s’en est déjà remise. Comme je trouvais que j’y étais quand même allée un peu fort, j’ai fait amende honorable.

Jean-Ex – Tu t'es excusée? Tu as bien changé.

Mère indigne – Pas vraiment. Je l’ai emmenée au Dairy Queen.

Jean-Ex – Ah, ça, c’est pas bête... Tiens, changement de sujet, tu as lu la chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir? Celle qui parlait des ex?

(Jean-Ex est un grand fan de Joblo. Depuis des années. Un fan noble, d’ailleurs, qui, comme pour le Playboy, ne lit pas Josée pour ses propos occasionnels sur le sexe, mais pour l'élévation de son âme. J’étais jalouse, dans le temps.)

Mère indigne – Oui, oui, j’ai lu... Rassure-moi, on va pas parler des Méchants Fantômes du Passé, là?

Jean-Ex – Non, ça va, je te respecte dans ton déni. En tout cas, tu sais que je ne lis pas Josée Blanchette pour ses propos occasionnels sur le sexe, je préfère l'élévation de son âme...

Mère indigne – Moui, bien sûr.

Jean-Ex – ... mais l’autre jour, elle parlait des ex qui veulent encore coucher avec leur ex.

Mère indigne – Oh! Seigneur. Moi, ça, ça me DÉGOÛTE.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – Ça ne m’est jamais arrivé, et je peux te le dire, ça ne m’arrivera JAMAIS.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – Coucher avec un ex. Sérieusement. Quelle HORREUR.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – (Cligne, cligne.) Oh. Je... J’ai pas réalisé... J’ai encore été bête, là, hein?

Jean-Ex – ...

Mère indigne – On va au Dairy Queen?

Thursday, July 03, 2008

Terrible Taxi

Il m'arrive, les jours de grand retard, de prendre le taxi du métro Laurier jusqu'au bureau, qui se trouve coin St-Laurent et St-Viateur. Comme vous le dira tout bon chauffeur de taxi qui se respecte, faut prendre la rue St-Joseph jusqu'à St-Laurent, tourner à droite, et hop, on y est presque.

Mais aujourd'hui, j'ai rencontré un dur à cuire.

Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent au coin de St-Viateur.

Chauffeur -- Vous prenez par St-Denis?

Mère indigne -- C'est-à-dire que... on ne peut pas tourner à gauche sur St-Denis et... je vais sur St-Laurent.

Chauffeur -- Oui mais là, on est à côté de St-Denis.

Mère indigne -- On pourrait pas prendre par St-Joseph? Puis tourner à droite sur St-Laurent?

Chauffeur -- St-Denis est juste là!

Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent.

Chauffeur -- (Sourcils froncés.) Oui, mais LÀ, vous êtes à St-Denis, LÀ.

Mère indigne (dont on pourrait presque croire que parfois, elle aime se soumettre) -- Bon, écoutez, on va par où vous voulez. On peut passer par St-Denis, sans problème.

Chauffeur -- Ben NON! Pas par St-Denis!! On peut pas tourner à gauche sur St-Denis!! On va prendre St-Joseph, puis ensuite on va tourner à droite sur St-Laurent.

Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.

Est-ce que je me suis énervée? Mais non, voyons. Pas du tout. Je suis zen, moi. Relax. Décontrax. Un vrai substitut humain au Xanax. Même mes organes internes sont certifiés feng-shui.

...

Bon, j'avoue, il y a un truc.

Je ne me suis pas énervée, mais en réalité, c'est parce que j'ai ce genre de conversation environ trente fois par jour avec Bébé.

Mère indigne -- Viens chérie, on s'en va à la garderie.

Bébé -- Naaaaaaaan, moi veux PAS aller à la gâderiiiiiie!

Mère indigne -- Mais oui, chérie, tu vas pouvoir raconter à Sophie que tu m'as aidée à arracher des mauvaises herbes ce matin.

Bébé -- Naaaaaaaaan, moi l'a PAS aidé à arracher les môvèzèèèèèbes!

Mère indigne -- Puis quand Papa viendra te chercher, vous allez vous baigner dans la piscine.

Bébé -- Naaaaaaaan, LÀ, moi l'a PAS DE PISCINE à ma maison, LÀ!

Mère indigne (chez qui on pourrait presque croire que la soumission est un art majeur) -- Bon, bon, d'accord. Reste assise ici, alors. Maman va ranger la cuisine avant de partir.

Bébé -- Ben NAN! Toi tu peux PAS ranzer la cuizine, moi va aller à la gâderie raconter à Sophie que moi l'a arraché les movèzèbes avec Maman pis là Papa va venir me chercher pou' se baigner.

Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.

Comme aurait dit Gengis Khan, practice makes perfect.